Evaluer l’entreprise à reprendre

Il ne s’agit pas seulement de savoir combien l’achat de l’entreprise va vous couter, mais aussi ce qu’elle peut vous rapporter. Trois méthodes sont utilisées par les experts pour évaluer la valeur d’une entreprise. Les connaître est toujours un plus.

En fonction de l’avancée des discussions entreprises avec le cédant, l’évaluation pourra être plus ou moins détaillée.

Si vous êtes aux débuts des discussions et si le cédant a déjà réalisé une évaluation, demandez-lui de vous fournir le rapport d’évaluation et faites-le relire par votre conseil. Si rien n’a été fait, faites une évaluation rapide pour vérifier que le prix demandé par le cédant est compris dans la fourchette que vous, ou votre conseil, avez identifiée.

S’il s’agit d’une première approche de la valeur, ce travail ne peut pas reposer uniquement sur les bilans de l’entreprise.

Si les diagnostics sont réalisés, voire les audits, lancez-vous dans une évaluation formelle qui devra être documentée. Cela vous donnera des éléments objectifs expliquant la valeur calculée par votre conseil. Ces éléments seront utilisés pour la négociation.

En tout état de cause, comprendre les méthodes d’évaluation est important pour en discuter avec le professionnel qui évaluera votre cible mais n’oubliez jamais trois choses :

  • La valeur n’est pas le prix. Le prix est le résultat de la rencontre entre une offre et une demande.
  • L’évaluation est d’abord économique avant d’être financière. Elle s’appuie donc sur un diagnostic / un audit de l’entreprise.
  • Au final, c’est le financeur qui décide. Une entreprise ne vaut que ce que le marché est prêt à payer – ce que vous, repreneur, êtes prêt à payer – mais, surtout, elle ne vaut que ce que le financeur accepte de prêter, et donc la capacité de remboursement de l’emprunteur.

Aujourd’hui, trois grandes approches considérées comme complémentaires, sont utilisées par les professionnels de l’évaluation pour les entreprises de plus de 10 salariés

1. L’approche patrimoniale : l’entreprise vaut ce qu’elle possède

Il s’agit de se concentrer sur la valeur des actifs nets de l’entreprise (terrains, usine, stocks, brevet, logiciels, marque…). Cette méthode présente l’inconvénient de ne pas tenir compte du potentiel de développement de l’entreprise.

2. L’approche dynamique ou par rentabilité dite des «DCF» : l’entreprise vaut ce qu’elle va rapporter.

Cette approche, tournée vers l’avenir, nécessite de connaitre ce que l’entreprise va rapporter et coûter.

La méthode des DCF (discounted cash flow) pour l’ « actualisation des flux de trésoreries », nécessite d’établir le prévisionnel de trésorerie opérationnel, c’est-à-dire ce qu’il restera des ventes une fois tous les coûts payés. Il faut également établir le prévisionnel de trésorerie net (qui vient après déduction des investissements nécessaires pour maintenir et développer l’activité de la société) que l’entreprise devrait générer année après année. Vu la durée de vie d’une entreprise, on peut simuler les cash-flows sans aucune limite de temps.

Les hypothèses, et les incertitudes, peuvent être nombreuses. Il faut bien connaître le secteur, ses contraintes et son évolution potentiels.

3. L’approche par comparaison : l’entreprise vaut ce que les actifs comparables sont effectivement payés par des opérateurs bien informés, sur des marchés organisés.

Avec cette méthode, on évalue l’entreprise sur la base des niveaux de valorisation de sociétés comparables (entreprises du même secteur, ou ayant le même modèle économique). Le principe ? On sélectionne les ratios qui vont servir à la comparaison (le CA, l’EBE, le REX, etc.), on calcule la valeur des multiples à partir des ratios des comparables et on applique ces multiples à la société que l’on souhaite évaluer.

Il existe deux types de multiples :

  • les multiples boursiers :

Les comparables sont dans ce cas des sociétés cotées en bourse ; la valeur des capitaux propres retenue pour la comparaison est la valeur de ses titres en bourse, c’est à dire la capitalisation boursière.

  • les multiples de transactions :

Les comparables ne sont pas obligatoirement des sociétés cotées en bourse. La valeur des capitaux propres retenue pour la comparaison est égale au prix de cession des titres lors de la transaction.

 

Les méthodes de cette troisième approche sont fondées sur le principe que des sociétés comparables se valorisent sur des critères et des règles identiques.

Une première approche consiste à établir des comparaisons sur le marché des fusions-acquisitions. Cette approche pose le problème de l’opacité du marché sur le montant de ses transactions, pour des raisons fiscales et de discrétion.

La seconde approche, de fait plus utilisée, s’appuie sur les valeurs des sociétés cotées. Ces dernières font l’objet de nombreuses corrections pour tenir compte des disparités opérationnelles et fonctionnelles des entreprises comparées.

Pour les entreprises de moins de 10 salariés

La valorisation ne sera pas la même selon que l’on cède un fonds de commerce ou des titres de société.

Ainsi, si vous reprenez un fonds de commerce, les méthodes les plus couramment utilisées sont :

  • L’évaluation par le chiffre d’affaires. Il s’agit de dégager le chiffre d’affaires annuel moyen sur la base des trois dernières années d’exploitation et à lui appliquer un pourcentage variable en fonction de la nature du commerce considéré (généralement compris entre 40 et 100).
  • L’évaluation par les bénéfices. Il s’agit de considérer le bénéfice annuel moyen tel qu’il résulte des bénéfices comptabilisés dans les trois dernières années et à le multiplier par un coefficient déduit d’une observation objective du marché. Ce coefficient peut varier entre 1 et 8 selon la localisation et la nature du fonds de commerce à vendre. Néanmoins, il est quasiment toujours compris entre 3 et 5.

Si vous reprenez des titres de société, les méthodes les plus utilisées sont l’évaluation par la méthode patrimoniale ou des comparables.

Faites appel à un professionnel pour évaluer l’entreprise cible à sa juste valeur ! La tâche est délicate. Il s’agit de ne pas la sous-évaluer, ni la surévaluer. Cela nécessite du recul et de l’expérience.